
Un rude défi que celui lancé par Cécile : Il fallait composer une fable avec 4 personnages imposés représentant chacun un membre participant au défi. Notre groupe s’agrandit sur ce coup là et les 4 personnages étaient : Un âne vert pour Cécile, un chat rose pour Dom, un schtroumph bleu pour moi et un faiseur de pluie argenté pour Domi. En plus, il fallait incorporer 4 mots obligatoires dans l’histoire : « Parole », « verre », « tyrannie » et « éclair ».
Après avoir bien transpiré (à cause de la canicule), voici le fruit de mon imagination… Mais je tiens à signaler que toute ressemblance avec des personnes que je connaisse ne serait que pure coïncidence… évidemment !
*
Il était une fois, au pays de Tigri
Trois grands, inséparables et fidèles amis.
À l’époque, tous les êtres parlaient, sans distinction,
Hommes et animaux de la même façon.
C’est sur cette parole que débute ma fable…
Il y avait « Pâturine », l’ânesse remarquable,
Oh ! Non par la couleur d’une étonnante robe
Dans son pré que le vert à tout regard dérobe,
Mais parce qu’en secouant les oreilles et la queue,
Elle chassait, sans colère, les insectes vicieux…
Pâturine possédait, outre l’âme paisible,
Deux grands et tristes yeux noirs, irrésistibles,
Qui charmaient ses amis jusqu’à la pâmoison ;
La chatte « Zéa Rosée » qui, grâce à sa toison,
Fut deux fois, en beauté, couronnée… Miss Tigri ;
Le schtroumph « Galipette » que l’on nommait ainsi
Parce qu’il aimait la farce et les acrobaties,
Rouler dans l’herbe tendre, chevaucher son amie
Aux côtés de Zéa, ce qui valut au nain,
Des blessures à tomber… le nez dans le crottin…
Pâturine d’ailleurs, lors de leurs promenades,
Attisait leur plaisir, à coups d’amples ruades.
Si Zéa tenait bon, lui griffant le derrière,
Galipette s’agrippait à sa courte crinière…
L’hiver venu, souvent, on trouvait les amis
Ensemble, au coin du feu, ou dans le foin, blottis
Tout contre Pâturine, dont le myrmidon bleu
Caressait sur le ventre le poil duveteux…
(Ne voyez aucun mal à ce pacte, témoins !
Mais le schtroumph est frileux et la chatte non moins…)
Ainsi leur amitié traversait les saisons,
Au village, alentours, dans toutes les maisons.
Tous coulaient des jours au rythme des pendules ;
Mais c’était sans compter sans cette… canicule,
La pire que le monde n’ait jamais affrontée
De mémoire de félin, de lutin, d’équidé
Qui leur tomba dessus telle une taxe sur le rire !
Il fit alors si chaud que les prairies jaunirent,
Séchèrent et disparurent sans faire un brin de foin !
Pâturine n’avait plus que la peau sur les reins,
Et la pauvre Zéa traînait, jusqu’à l’arrache,
Sa petite langue rose et pendantes moustaches !
Même le champignon qu’habitait Galipette,
Sécha comme un jambon délaissé dans l’assiette !
Et toute la province alors implora Dieu ;
Les petits et les grands, les jeunes comme les vieux !
On pria, on dansa pour invoquer la pluie ;
Pâturine chanta même ! mais sans que rien n’y fit !
Personne, aucun ministre, militaire ou prélat,
Ne put tirer sa goutte du ciel de l’endroit !
Jusqu’au fameux jour où…se présenta sur place
Un être étrange, un ange ? brillant comme la glace,
Du nom de « Pliquetis », un « mage » ou Saint-Médard…
Et qui, pris de pitié, leur redonna espoir…
L’être creusa un trou, y planta une graine,
La couvrit simplement de terre riveraine,
Demanda un verre d’eau et le versa dessus
Prononçant quelques mots qu’aurait pu dire Jésus…
Et d’un seul coup, miracle ! Un éclair jaillit,
Le ciel déversa ses flots sur le pays !
Pliquetis fit ainsi, tout l’été, le messie,
Et sans rien demander aux gens, pas un merci !…
Devant tant de pouvoirs, on l’accueillit en prince
Si bien que le bonheur revint dans la province.
Un temps…car à mesure que son don s’ébruitait,
Il reçut de partout mille requêtes, souhaits…
L’un réclamait la pluie et l’autre le soleil…
Sans qu’il ne puisse tendre à chacun son oreille !
L’instant d’une éclaircie, le retour de l’averse,
Une courte embellie puis aussitôt l’inverse,
Tous pour des raisons proprement motivées…
Mais la tête de l’ange finit par lui tourner,
À rouler, basculer si fort de trop d’efforts
Que l’on craignait pour lui qu’il ne perdit le nord…
Quand même l’assoiffé suppliait qu’on l’abreuve
Pour à peine exaucé se lamenter qu’il pleuve !
Alors Pliquetis, pris de frayeur, s’enfuit,
Comme tous les génies devant la tyrannie…
Mais dès le lendemain de sa disparition,
Survint un ouragan puis une inondation…
On envoya alors gendarmes, chiens en chasse,
Sans retrouver de lui, ni l’odeur ni la trace…
Galipette et Zéa, au dos de Pâturine,
Sillonnèrent à leur tour la plaine et les collines…
Mais dans la transparence que lui donnait son teint,
On ne sait pas vraiment s’ils retrouvèrent le saint.
Nulle révélation ne confirme ou dément ;
Il faut imaginer par quel amendement
Ils l’auraient convaincu de livrer son secret
Car ils sont devenus, face à l’humain, muets,
Et sans plus désormais ni rire ni pleurer…
Enfin… ce que l’on croit, qu’ils laissent à penser…
Car les hommes malgré leur force et leur adresse,
N’ont acquis pour savoir que trop peu de sagesse
Bien qu’un enfant comprenne ce que le schtroumph dit !
Mais sachez qu’en passant près l’étable à Tigri,
On entend, aujourd’hui, non trois mais quatre voix !
Et qu’il n’y fait depuis…plus jamais chaud ni froid !
*
Car tout ce que tu prends, la nature le reprend
Et tout ce que tu donnes la nature te le rend…
Voilà de Pliquetis et de ses trois amis,
Révélée la morale, mon propos abouti.
*
Pat le rimenaute le 30 juillet 2022
et mes trois acolytes participants à retrouver sur leur site respectif, sont:
https://cecilevalentine.wordpress.com/
https://adomemots.wordpress.com/
https://domdomblabla.wordpress.com/
que je salue bien bas et que je remercie, pour le plaisir qu’ils me donnent, encore cette fois, de me secouer fort l’imagination qui s’endort, à défaut, dans la léthargie saisonnière commune aux paresseux.
Une fable absolument magnifique que n’aurait pas reniée La Fontaine. Bravo !
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Merci, même si de l’eau à la fontaine ne revient pas sans peine…La référence me comble, dondi dondaine… A notre amitié souveraine, je bois…paroles à gorge pleine.
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Excellent ! Je m’incline bien bas, en faisant attention de ne pas heurter le sol de mon rose museau 🙂 Sans rire, Pat, je suis impressionnée par la maîtrise de ton interprétation. Une très jolie fable, à la fois profonde et légère. Pleine de couleurs. Et puis, je suis ravie de voir que je ne suis pas la seule à avoir laissé courir ma plume (ou mes doigts sur le clavier) sans me soucier de la longueur. Ce que je m’étais pourtant obstinée à faire dans mes premiers essais.
Sincèrement, belle réussite ! J’applaudis des quatre pattes. Je t’embrasse !
P.S. : et cela m’a fait grand plaisir de lire mon autre prénom dans ce texte 🙂 Merci, Pat.
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Tank you very muche ma Dom ! Je cours de ce pas, avec mes petites jambes ou monter sur Pâturine pour aller te lire…
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Hi hihi ! Tu es incorrigible 🙂
Cela dit, je trouve fascinant le large panel de nos imaginaires autour de ce thème qui n’était certes pas facile, mais très amusant à faire.
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Sûr ! J’ai adoré vous lire ! Après l’effort, le réconfort comme on dit…A refaire !
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J’espère bien que nous ne nous arrêterons pas là ! C’est toujours un grand plaisir. Que ce soit le moment d’écriture et de remue-méninge ou la découverte des vos textes : une belle aventure !
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Je suis une nouvelle fois abasourdie de la qualité de vos écrits à tous deux. Pat cette fable est digne du vieux Lafontaine et si tu bus à sa source elle te révèle aussi tout entier dans toute ta verve taquine et tendre. Sur ce je m’éclipse pour quelques heures et vous embrasse
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Je trouve que tes vers sont tout aussi réussis et tu amènes une originalité mélancolique que nous n’avons pas dans notre recherche de béatitude. Tu me surprends aussi bien souvent et je suis fier de notre correspondance à 4. Bisous et bonne soirée.
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