Mal du pays
*
Je regarde le ciel en ce début d’été,
Ces boules de coton que le vent déchiquette,
Déchirant l’horizon de sa frêle liquette
Pour étaler son bel azur réorbité
*
Toujours je me répète qu’il n’est pas de motifs
Vraiment de s’inquiéter ! puisque nous habitons
Cette maison parfaite comme dans un cocon
Nous tous ! sans papiers ! sans justificatifs !…
*
Il flotte (bon à sentir) un parfum de lilas…
Je repose ma tête sur un coussin, rêveur…
Ô combien j’étais bête hier devant ces fleurs
De ne pas en quérir alors le distillat!
*
Et qu’ai je à regarder dans les trouées profondes
Des infinités bleues que l’œil ne pénètre
Plus loin que par le creux d’une fausse fenêtre
Le reste de l’année, les raisons de ce monde !
*
Mais voilà (qu’en symbole), des masses grises, sombres
S’avancent, familières, aux gueules menaçantes,
Monstrueuses, Cerbères du ciel en meutes lentes
Qui découpent le sol de leurs tranchantes ombres…
*
Viennent me rappeler mon impérieux devoir
Pour lequel je vis, prisonnier de l’esprit,
De chercher, cogiter… jusqu’à ce que j’expie
Le mal du pays en gardant bon espoir !
*
Exilé aux confins d’un univers lointain
Pour beaucoup moins de fruits en un jour funeste
Que ne font pas sans bruit, à l’heure de la sieste,
Les outils de jardin de mon odieux voisin !
*
J’abandonne ma natte pour un plus sûr bastion,
Aux premières semonces dès que tombent en miettes
Les premières réponses de cette autre planète
Que sont mes délicates, mes frêles illusions…
*
La nature me jette à la tête son Graal
Encore plein des quasars de toute sa création
Dont nul ne voit le quart jamais d’une portion,
Vivant de peu de quête pour des milliards d’étoiles
*
Pat le 06 Juin 2015
*
Une écriture humaniste et sensible, porteuse de messages, avec tout ce qu’elle recèle de richesses et de fertilité, comme une main tendue à la croisée des destins.
Pour casser le miroir et regarder plus loin…
J’aimeJ’aime
C’est un grand plaisir d’être lu par quelqu’un qui entend au delà de la musique le sens des paroles ce qui nécessite un grand sens de l’écoute.
Grand merci pour ce temps consacré et ce partage ami.
J’aimeJ’aime
De délicates et frêles illusions qui éveillent pourtant pour qui veut s’y pencher, la faculté de ressentir ce que le langage seul ne peut définir. C’est aussi juste dans ce que tu représentes que dans ce que tu suggères grâce à l’alliance de toutes ces images qui transmettent l’ineffable. Et j’ose même dire (allez allez) qu’il y a dans ce texte le charisme du théoricien et le charme musical de la poésie qui s’apprivoisent autour du langage. Toutes ces choses que le langage sans poésie a tant de mal à dire… . Merci Merci !!
J’aimeJ’aime
Ton analyse m’honore; C’est vrai que j’essaie de philosopher un peu dans ma poésie…Je trouve que les mots avec leur multiple sens parfois se prêtent particulièrement bien à l’ironie, à l’humour, au dévoilement de faits parfois graves ou qui me tiennent à cœur. D’autres fois…oui, une simple expression du cœur. A bientôt de te lire.
J’aimeAimé par 1 personne